Les Bas-Reliefs du Palais d'Agadja



A gauche : Episode de la guerre contre les Nago : un guerrier dahoméen coupe les jarrets d’un guerrier nago.
A droite : Episode de la préparation d’une guerre de Glèlè contre Abéokouta, capitale des Nago. Pour mieux connaître les défenses et les routes de la grande ville nago, Glèlè se servit d’espions, ceux-ci se virent refuser l’entrée d’un petit village nommé Schalala. Le chef de ce village fut tué et son crâne cloué sur une natte de cuivre. Ainsi fut fait pour montrer à tous comment le roi du Dahomey savait châtier ceux qui refusaient de laisser reposer ses envoyés.
On voit sur le sommet du crâne un clou ; la natte est très épaisse, du genre de celles appelées « tchatcha » et formées de faisceaux de joncs. (Note de M. Le Hérissé).



A gauche : allusion à la guerre de Za, pays limitrophe de Cana et conquis sous le roi Tègbèssou. Entre autres vexations contre le roi d’Abomey, les gens de Za, ayant appris la mort de la mère de Tègbèssou, plaisantèrent ainsi : « Le roi du Dahomey pourra-t-il nous creuser un trou dans le nez pour y enterrer sa mère ? » Pour venger cette insulte, les guerriers de Tègbèssou vainqueurs du pays Za coupèrent le nez de chaque cadavre ennemi. Le bas – relief représentant un nez au centre et un couteau dans le coin gauche commémore cet évènement.

A droite : un buffle qui représente Ghèzô, la récade de ce roi.


59 x 68.
Djiso ou Hèbyosô, dieu du Tonnerre


Note de l'auteur : D’après la croyance dahoméenne, le tonnerre est un bélier qui promène sa fureur dans les nuages.
Sur ce bas-relief, on distingue les cornes du bélier et la toison de son cou. Dans sa gueule, l’animal tient une hachette au milieu de laquelle serpente un éclair ; mais cette partie du sujet est moins bien traités que dans la récade des féticheurs du tonnerre dont mon livre donne un modèle, p.112. (Note de M. Le Hérissé). 


74 x 77 cm
Première version. – Allégorie d’une phrase prononcée par le roi Agonglo (1789-1797) : « Je suis l’ananas contre lequel la foudre ne peut rien. »C’est une allusion à un accident dont ce roi avait été témoin. Pendant un orage, comme il s’était arrêté sous un palmier, l’arbre fut frappé par la foudre et il n’en ressentit aucun mal, « semblable à l’ananas que ne touche pas la foudre tombée sur l’arbre au pied duquel il a poussé ». Ananas se dit agondé, cocotier se dit agonkè : par suite d’une mauvaise interprétation de mots, ananas aurait été traduit par cocotier.

A la suite de cet évènement ce roi inventa un sabre à lame dentelée comme la feuille d’ananas.

Note Fondation Zinsou: Il s'agit plus probablement du fruit du rônier, très ressemblant à l'ananas. L'emblème d'Agonglo est le renier. 

Deuxième version. – Représentation du roi Ghèzô sous l’aspect d’un palmier. Allusion aux paroles suivantes prononcées par ce roi : « Les moutons ne mangent pas les feuilles de palmier ». 


70 x 75 cm

Trône de Ghèzô. Les pieds de ce trône sont formés avec les crânes des quatre chefs d’Houndjorotô (pays des Mahi), faits prisonniers à la suite d’une guerre contre ce pays. L’original de ce trône est conservé à Abomey.

A gauche, la récade de Ghèzô, emblème d’autorité.


74 x 75 cm
Allégorie dont les traductions données ne concordent pas avec les motifs du bas-relief.

Première version. – La hache ferait allusion à l’époque de l’introduction de cet outil au Dahomey. A gauche, Agassou, le léopard mâle, animal sacré de la famille royale ; à droite, le chien d’Agadja. 

Deuxième version. – Le « chien ne touche pas à l’animal attrapé par le léopard », paroles prononcées par le premier ministre du roi Tègbèssou, fils d’Agadja, à propos du supplice imposé au nommé Adjakou, de la tribu des adja, qui s’était querellé avec la mère de ce roi. 

Note de l'auteur : Troisième version. – Sans doute la plus exacte : La panthère (à gauche) garde le grenier à mil du Dahomey (au centre), que convoite le roi des Nago (à droite). Ce sujet allégorique, ainsi que le fusil et la houe (non pas une hache), commémorent les évènements suivants : 

Sous le règne d’Adanzan, les Dahoméens payaient encore un tribut aux Nago. Comme ils avaient tardé à l’acquitter, le roi ennemi le réclama à Adanzan en lui envoyant une houe et en lui adressant ce message : « Tu es donc bien pauvre maintenant ? Cultive, tu pourras payer ton tribut ! ». Adanzan répondit fièrement : « Nos pères ont cultivé, non pas avec des houes, mais avec des fusils. Les rois de Dahomey ne cultivent que la guerre ».
Dans un autre bas-relief, un singe tenant un épi se rapporte au même incident (cf.mon livre, p.302). Je crois que ces deux sujets allégoriques sont les seuls qui rappellent le règne d’Adanzan. Ce roi, dont les débuts laissèrent beaucoup espérer, devint si monstrueux qu’il a été rayé de la généalogie royale. Pour cette raison, beaucoup des faits glorieux qui se sont passés sous son règne ont été attribués à son successeur Ghèzô par les chroniqueurs. (Note de M. Le Hérissé). 


76 x 77cm 

Allégorie relative à une guerre dirigée par le roi Tègbèssou (1728-1775) contre les habitants de Za, près de Cana. Cette guerre punit de multiples crimes, tels que le fait d’avoir arraché les piquets que ce roi avait posés pour délimiter l’emplacement du futur palais de Cana et l’insulte proférée par les habitants de Za, en apprenant la mort de la mère du roi : « Le roi du Dahomey pourra t-il nous creuser un trou dans le nez pour y enterrer sa mère ? ». A la suite de plusieurs campagnes, les Dahoméens réussirent à anéantir cette tribu et les guerriers coupèrent le nez à chaque cadavre ennemi. 


67 x 77 cm

Première version. – Loco ou Roco, arbre mythique (teck d’Afrique) des branches duquel le premier homme et la première femme seraient descendus sur la terre

Deuxième version. – Atanloko, un des ancêtres divisés de la tribu des Aïnouvi-Hountonou.

A droite, une des premières armes des Dahoméens : bâton légèrement recourbé à l’une de ses extrémités et portant des anneaux de fer. Cette arme sert de canne à l’heure actuelle.

Note de l'auteur : Cette première version est inexacte. Elle a dû être donnée par un interprète dahoméen influencé par le catholicisme. Dans la légende vraie, il est bien question d’un homme et d’une femme descendus d’un roco ; l’homme s’appelle Adan, mais Adan signifie courageux. – D’ailleurs, la tribu à laquelle l’homme et la femme auraient donné naissance est contemporaine de celle d’où sont issus les rois d’Abomey. Elle s’appelait Adanlokovi-Dôouênou (fils d’Adanloko gens de Dôouê). Elle suivit en grande partie les émigrants d’allada vers Abomey. Cf. mon livre, p.114. (Note de M. Le Hérissé). 


73 x 75 cm

Allégorie représentant la conquête des territoires situés au bord de la mer lors de la prise de Savi, capitale du royaume de Juda, et du premier contact des Dahoméens avec les Européens ; ceux-ci sont représentés sous l’aspect d’un padre portugais assis sur une chaise ; les Dahoméens croyaient que les Européens, étant toujours assis, ne pouvaient marcher


Note de l'auteur : Il est intéressant de remarquer que cette idée des Dahoméens sur les Européens s’est maintenue fort longtemps. Au moment de leur guerre contre nous, ils furent persuadés que nous ne saurions pas exploiter nos premiers succès, faute de pouvoir marcher. Cf. mon livre, p.346. (Note de M. Le Hérissé). 



Bas – relief du Palais d’Agadja





Extrait de :
Les Bas - Reliefs
Des
Bâtiments royaux d’Abomey
(DAHOMEY)
1926
 TRAVAUX ET MEMOIRES DE L’INSTITUT D’ETHNOLOGIE – I
 Em. G. WATERLOT
CHEF DE L’IMPRIMERIE OFFICIELLE DE MADAGASCAR

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