Au Dahomey - Le Monde Illustré 15 Mars 1890



Au Dahomey. – L’expédition sénégalaise, dirigée vers le golfe de Bénin pour venir en aide aux tribus soumises à notre protectorat de Porto-Novo et les défendre contre les incursions des Dahoméens en reprenant la ville de Kotonou dont ils s’étaient emparés, a attiré l’intérêt général sur cette étrange région. Rappelons que M. Bayol, lieutenant général des rivières du Sud, avait été chargé d’une mission et s’était rendu l’an dernier à Abomey, capitale du Dahomey, pour obtenir du roi Gléglé, décédé depuis lors, la délimitation du territoire de Kotonou, cédé à la France par traité conclu en 1864 et renouvelé en 1878. M. Bayol voulait également faire cesser les perpétuelles razzias du roi sur les territoires de notre protectorat où il venait chercher les victimes destinées aux sacrifices humains encore en vigueur dans ces contrées barbares. Les résultats de la mission de M. Bayol furent nuls. On tortura et on tua sous ses yeux les prisonniers faits dans les pays protégés par la France, et ce ne fut qu’à grand-peine qu’il put reprendre enfin le chemin de Kotonou. 

C’est à la suite d’un rapport de M. Bayol que le gouvernement s’est décidé à prendre les mesures énergiques nécessaires pour préserver ses protégés. Après avoir repris Kotonou, il faut se rendre maître de Whyddah dont la situation est importante, et d’où l’on protégera plus aisément d’autres points tels qu’Aurékété, Godomé et Abomey-Calary. 

Outre le portrait de M. Jean Bayol, nous donnons une vue de Whyddah, la ville la plus importante de la côte, où il se fait un commerce considérable. Six Européens ayant négligé les avis de M. Bayol, et ayant refusé de quitter Whyddah pour rallier Kotonou, ont été livrés aux Dahoméens, lors des récentes incursions.

Notre gravure représente encore quelques types de ces fameuses amazones qui composent la garde du roi de Dahomey.

Ces étranges guerrières, choisies dans les familles nobles, sont vouées au célibat. Elles combattent avec une rare intrépidité et sont considérées à bon droit comme la troupe d’élite de l’armée dahoméenne.

Cet article est issu du journal 
LE MONDE ILLUSTRE / JOURNAL HEBDOMADAIRE
34e ANNEE – N° 1720 – 15 Mars 1890

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