A l'origine, Tado
Agassou par Cyprien Tokoudagba |
Tado ne doit pas être considéré isolément comme l’agglomération royale située près du Mono. Cette zone qui donne le départ à un certain nombre de migrations correspond au plateau Adja, c’est-à-dire à la région de Parahoué, bordée par le Mono à l’ouest. Si les Agassouvi – les plus connus – viennent de Tado, le foyer de dispersion couvre en réalité l’ensemble du plateau Adja.
Les motifs du départ de Tado varient suivant les traditions mais ils correspondent presque toujours à une pression économique, la population devenant trop nombreuse pour les ressources normales de l’agriculture locale.
Deux vagues de migrations intéressent la Dahomey, celle des Houéda qui ont donné son nom à la ville de Ouidah et celle des Agassouvi qui aboutit à la formation des trois royaumes d’Allada, Porto-Novo et Abomey.
- LES AGASSOUVI
LES DIVERSES TRADITIONS SUR LEUR DEPART DE TADO
– La tradition officielle, d’après Dunglas, rapporte qu’à une « époque que l’on peut approximativement fixer au XIIIe siècle la princesse Aligbonon, fille du roi de Tado, se rendant à une fontaine pour y puiser de l’eau y rencontra un esprit (Houn) qui avait pris la forme d’une panthère (kpo) mâle ; Les suivantes de la princesse s’enfuirent épouvantées, laissant leur maîtresse aux prises avec le fauve. Revenues bientôt après avec les guerriers armés, elles trouvèrent Aligbonon bien vivante et sans blessures : la panthère avait disparu. Neuf mois plus tard la princesse mettait au monde un enfant du sexe masculin, roux de poil et velu, mais solidement constitué, le « fils de la panthère ». Cet enfant qui reçut le nom d’Agassou, devint bientôt un jeune homme grand et fort aux ongles longs … Il se distingue par sa force, son courage et lorsqu’il meurt, il laisse de nombreux enfants. Ces Agassouvi forment à Tado un clan important. Lors d’une querelle qui éclate à l’occasion de la succession du trône, un prince insulte le chef des Agassouvi qui le tue mais doit abandonner le pays.
- Tradition secrète
Dunglas nous livre également, avec l’autorisation des membres de la famille royale, la tradition secrète connue seulement par les personnalités. Aligbonon rencontre dans la brousse une panthère blessée, qu’elle recueille et soigne. Cette panthère est en réalité la forme prise par un esprit qui révèle à la princesse son nom secret (que Dunglas nous tait dans le très légitime souci de ne pas froisser la famille royale.) La panthère mâle donne à Aligbonon deux pigeons magiques dont le chant d’alarme lui indiquerait un danger et la nécessité de quitter le pays. Ensuit la tradition secrète rejoint la tradition officielle avec ce détail supplémentaire que le chef du clan Agassouvi, après avoir tué le prince Adja, sait qu’il faut partir lorsqu’il entend les cris de détresse des pigeons magiques.
- D’après F. Sossouhounto « Agassou » est la panthère mâle considérée comme l’ancêtre mythique de la dynastie d’Abomey. De son union avec Aligbonon, fille du roi de Tado, naissent deux fils : Kpako et Agassou Kpakpossou, dont le fils Landé aurait eu plusieurs enfants ; les plus remarquables sont Adjahouto, Akpadimagnonenou et Mégangbagbé, dit Lansouhouto.
Lorsque le trône de Tado devient vacant, Adolawawinou, en raison de la part prépondérante prise dans les guerres par les Agassouvi, pose sa candidature, mais cette candidature est rejetée par le conseil. Alors une terrible émeute a lieu, durant laquelle le fils aîné d’Adolawawinou tue beaucoup d’ennemis, ce qui fait surnommer Adjahouto d’après la phrase prononcée : « Ahou adja bo gbêsi do Adja kamè » (j’ai tué beaucoup d’Adja jusqu’à refuser de boire de l’eau dans la calebasse des Adja) (1). Mais les Agassouvi sont mis en minorité et sous la conduite d’Adolawawinou, ils doivent quitter le pays.
- La tradition rapportée par le Hérissé (pp. 274-275) dit que le chef des Agassouvi dans un mouvement de colère contre les parents qui le forcent à quitter le pays natal, brise sa calebasse sur le sol en disant : « Jamais plus je ne boirai d’eau chez les Adja. » C’est en mémoire de ces faits que les princes danhoméens apprennent à leurs enfants le commandement suivant auquel ils n’oseraient pas se soustraire : « Si tu arrives chez un Adja ne bois pas d’eau dans sa calebasse. »
- Quénum donne une version différente
« La reine des Adja-Tadonou aurait été stérile et de longues années de supplication n’auraient guère semblé apitoyer le ciel sur sa désespérante épreuve. Un jour, cependant, où se conformant aux oracles des Dieux, elle portait dans un champ des viscères de victimes elle entendit les vagissements d’un nouveau-né… Elle s’avance et trouve un enfant que réchauffent de leur souffle fumant une panthère et une vache. La reine sauve l’enfant, le roi l’adopte et le tient caché, si bien que sa supercherie réussit. L’enfant grandit et devient « fort comme une panthère ». Mais à la mort du roi, la brouille survient et l’on annule les prétentions du pseudo-prince en faisant connaître la vérité sur son origine. Il s’assure alors de l’appui des partis hostiles à l’avènement du monarque, prend la tête du soulèvement, commet un régicide et s’enfuit du pays avec ses partisans, emportant pénates et dieux lares.
- Tradition secrète
Dunglas nous livre également, avec l’autorisation des membres de la famille royale, la tradition secrète connue seulement par les personnalités. Aligbonon rencontre dans la brousse une panthère blessée, qu’elle recueille et soigne. Cette panthère est en réalité la forme prise par un esprit qui révèle à la princesse son nom secret (que Dunglas nous tait dans le très légitime souci de ne pas froisser la famille royale.) La panthère mâle donne à Aligbonon deux pigeons magiques dont le chant d’alarme lui indiquerait un danger et la nécessité de quitter le pays. Ensuit la tradition secrète rejoint la tradition officielle avec ce détail supplémentaire que le chef du clan Agassouvi, après avoir tué le prince Adja, sait qu’il faut partir lorsqu’il entend les cris de détresse des pigeons magiques.
- D’après F. Sossouhounto « Agassou » est la panthère mâle considérée comme l’ancêtre mythique de la dynastie d’Abomey. De son union avec Aligbonon, fille du roi de Tado, naissent deux fils : Kpako et Agassou Kpakpossou, dont le fils Landé aurait eu plusieurs enfants ; les plus remarquables sont Adjahouto, Akpadimagnonenou et Mégangbagbé, dit Lansouhouto.
Lorsque le trône de Tado devient vacant, Adolawawinou, en raison de la part prépondérante prise dans les guerres par les Agassouvi, pose sa candidature, mais cette candidature est rejetée par le conseil. Alors une terrible émeute a lieu, durant laquelle le fils aîné d’Adolawawinou tue beaucoup d’ennemis, ce qui fait surnommer Adjahouto d’après la phrase prononcée : « Ahou adja bo gbêsi do Adja kamè » (j’ai tué beaucoup d’Adja jusqu’à refuser de boire de l’eau dans la calebasse des Adja) (1). Mais les Agassouvi sont mis en minorité et sous la conduite d’Adolawawinou, ils doivent quitter le pays.
- La tradition rapportée par le Hérissé (pp. 274-275) dit que le chef des Agassouvi dans un mouvement de colère contre les parents qui le forcent à quitter le pays natal, brise sa calebasse sur le sol en disant : « Jamais plus je ne boirai d’eau chez les Adja. » C’est en mémoire de ces faits que les princes danhoméens apprennent à leurs enfants le commandement suivant auquel ils n’oseraient pas se soustraire : « Si tu arrives chez un Adja ne bois pas d’eau dans sa calebasse. »
- Quénum donne une version différente
« La reine des Adja-Tadonou aurait été stérile et de longues années de supplication n’auraient guère semblé apitoyer le ciel sur sa désespérante épreuve. Un jour, cependant, où se conformant aux oracles des Dieux, elle portait dans un champ des viscères de victimes elle entendit les vagissements d’un nouveau-né… Elle s’avance et trouve un enfant que réchauffent de leur souffle fumant une panthère et une vache. La reine sauve l’enfant, le roi l’adopte et le tient caché, si bien que sa supercherie réussit. L’enfant grandit et devient « fort comme une panthère ». Mais à la mort du roi, la brouille survient et l’on annule les prétentions du pseudo-prince en faisant connaître la vérité sur son origine. Il s’assure alors de l’appui des partis hostiles à l’avènement du monarque, prend la tête du soulèvement, commet un régicide et s’enfuit du pays avec ses partisans, emportant pénates et dieux lares.
- Une cinquième version est donnée par Dunglas
C’est celle des ennemis de la famille royale d’Abomey. Un chasseur originaire du royaume de Bini avait deux femmes, l’une princesse de la famille royale du Bénin, l’autre roturière. Cette dernière devient enceinte ce qui met en fureur l’épouse princière. L’humble épouse est alors renvoyée et va errer dans la brousse. Elle arrive un jour à Tado où les épouses du roi l’accueillent, elle accouche bientôt d’un fils nommé Agassou, ce qui signifiait « enfants de l’adultère »
Plus tard le chef du clan des Agassouvi dispute le trône de Tado à un vrai prince Adja. Ce dernier dévoile publiquement l’origine étrangère du chef des Agassouvi, ajoutant que jamais un enfant adultérin ne règnerait à Tado. Une violente bagarre s’ensuit au cours de laquelle le orince Adja est tué. Les Agassouvi doivent alors quitter le pays.
– La tradition de Porto-Novo
Elle est donnée par Akindélé et Aguessy et s’écarte nettement des autres. Aholouho, roi de Tado-Adjatchè, avait quatorze enfants dont une fille Dako-Houin qui vivait auprès de lui. Cette fille épouse un chasseur-magicien étranger Adimola qui aide les Adja-Tadonou à repousser l’armée d’un roi étranger Kpo-Kpo (peut-être s’agit-il des Akposso).
A la mort d’Aholouho dassou, l’un des fils jumeaux de Dako Houin est élu roi ; comme il part à la guerre son frère Dassa usurpe le trône et Dassou reçoit le privilège exclusif de la régence provisoire de tous les royaumes adja qui viendraient à perdre leur roi.
Dassa, durant un long règne, parvient à vaincre son beau-frère, le roi Kpo-Kpo. Akindélé et Aguessy donnent la liste de quinze souverains qui se succèdent à Tado (Adjakpa,Yessou, Azoton, Yessou, Akondé, Amanou, Agagnon, Agbangba, Houézé, Agbandé, Awondé, Kin-Ha, Mindji, Alokou, Akolou). Kopkon, fils d’Akolou, doit faire face à divers complots. Une nuit il est enlevé, ligoté et jeté dans un lac, mais bientôt il est rejeté sur la rive par une tempête. Il est délivré et réconforté par un chasseur, puis au bout de quelques mois retourne à Tado.
Il fait forger un coutelas particulier, et, une belle nuit, il assassine son frère qui avait usurpé le trône, casse la calebasse symbolique (Adjaka) dans laquelle buvaient les rois, enfin il quitte Tado avec sa famille et ses partisans.
Dunglas explique le mythe de la panthère par analogie avec les sociétés secrètes. Je crois en réalité que de nombreux clans ont le totem de la panthère lié à une aventure de chassa ou de migration. Ainsi l’un des clans du Togo que j’ai eu l’occasion d’étudier honorait la panthère parce qu’elle avait abandonné un bubale à peine entamé à la fringale des arrivants épuisés par une longue marche.
Par ailleurs les rites de chasse honorent toujours de façon particulière le chasseur qui a tué une panthère. Comme les chasseurs s’éloignent parfois jusqu’à 50 ou 60 kilomètres de leur groupe d’origine, les aventures rapportées dans les diverses traditions sont parfaitement possibles.
La synthèse de ces diverses traditions est bien difficile. Ce qui paraît vraisemblable, c’est qu’un groupe de chasseurs ayant le totem de la panthère s’est installé près de Tado, l’un de leurs chefs épousant l’une des filles du souverain. Ce clan particulièrement dynamique veut prendre le pouvoir, il ne réussit pas et après le meurtre du souverain (ou d’un prince) Adja doit quitter Tado.
Cet article est issu de :
HISTOIRE DU DAHOMEYMONDE D’OUTRE-MER
Collection publiée sous la direction de M. Hubert DESCHAMPS
Série : HISTOIRE
Robert CORNEVIN
Administrateur en chef de la France d’outre-mer
Docteur ès-lettres
Chef du centre d’études et de documentation sur l’Afrique et l’outre-mer
Editions BERGER-LEVRAULT
5, rue Auguste-Comte, Paris (VIe)
1962
Docteur ès-lettres
Chef du centre d’études et de documentation sur l’Afrique et l’outre-mer
Editions BERGER-LEVRAULT
5, rue Auguste-Comte, Paris (VIe)
1962